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Michel Barnier à Matignon, ou la drôle de victoire de la droite

Avec la nomination de Michel Barnier comme premier ministre, jeudi 5 septembre, le parti Les Républicains (LR) revisite à sa façon la phrase de Jésus dans l’Evangile selon saint Matthieu : « Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »
Cinquième force politique à l’issue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, la droite est arrivée première à Matignon, malgré seulement quarante-sept députés. La gauche hurle au braquage démocratique, le parti LR apprécie ce retour inattendu Rue de Varenne. « C’est une bonne nouvelle pour la France et pour la droite, assure le député de la Loire Antoine Vermorel-Marques (LR). Pour nous, c’est l’occasion de montrer qu’on peut de nouveau occuper un espace politique, douze ans après avoir quitté Matignon. »
En 2012, l’élu de 31 ans était tout juste en âge de voter et n’avait pas encore rencontré son futur mentor politique : Michel Barnier. Antoine Vermorel-Marques a été un des premiers à le féliciter en personne. A droite, on décrochait facilement le téléphone, jeudi, pour tresser des lauriers au nouveau premier ministre ou publier un message enthousiaste sur X. « C’est un homme d’une grande qualité qui a tous les atouts pour réussir dans cette difficile mission qui lui est confiée », écrit ainsi le patron des députés du groupe Droite républicaine (DR), qui rassemble les députés LR, Laurent Wauquiez.
Le même commentaire adressé à Xavier Bertrand (LR), président de la région Hauts-de-France – favori pour Matignon la veille encore – aurait paru plus forcé tant les deux hommes cultivent une aversion réciproque. Rien de tout cela avec un Barnier, sage de 73 ans sans cour ni ennemi autour de lui à droite depuis de longues années – et cela peu importe les changements de nom et de sigle du parti (UDR, RPR, UMP et LR). Laurent Wauquiez se range d’autant plus facilement à l’idée de voir Michel Barnier occuper Matignon qu’il avait finalement accepté une possible nomination de Xavier Bertrand, mardi, lors d’un échange téléphonique avec le président de la République, Emmanuel Macron.
Egalement réticent dans un premier temps au choix de Xavier Bertrand, Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR, avait, lui aussi, fini par valider cette option. Il s’était même entretenu, mardi soir, avec le président des Hauts-de-France pour éplucher le « pacte législatif » imaginé par la droite parlementaire dans la foulée des législatives. Cette série de propositions était censée habiller d’une attitude constructive le non opposé par avance à toute alliance de la droite avec le camp présidentiel.
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